Un protocole thérapeutique peut favoriser à la fois l’acceptation de la souffrance psychique et l’action vers des choix de vie personnels. L’évitement des pensées et des émotions douloureuses, longtemps considéré comme une solution, se révèle souvent contre-productif.
La recherche clinique valide l’efficacité de cette démarche, notamment face à la dépression, à l’anxiété ou à la gestion de la douleur chronique. Des praticiens formés s’appuient aujourd’hui sur des outils précis pour accompagner le changement, loin des approches classiques centrées uniquement sur la réduction des symptômes.
Plan de l'article
- L’ACT, une approche thérapeutique qui change le regard sur la souffrance psychique
- Quels sont les grands principes de la thérapie d’acceptation et d’engagement ?
- La flexibilité psychologique : un atout pour mieux vivre avec ses émotions
- Ressources, accompagnement et formations pour aller plus loin avec l’ACT
L’ACT, une approche thérapeutique qui change le regard sur la souffrance psychique
La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), héritée des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), transforme la façon d’appréhender la souffrance psychique dans le domaine de la santé mentale. Mise au point dans les années 1980 par Steven C. Hayes, l’ACT prend le contrepied des méthodes focalisées sur la suppression des symptômes. Au lieu de traquer et chasser pensées ou émotions douloureuses, elle encourage à les accueillir, à les reconnaître, puis à avancer vers des choix qui ont du sens. L’ACT, désormais bien présente en France, bouscule les codes et ouvre des perspectives nouvelles face à la détresse intérieure. De nombreux praticiens observent que ce modèle favorise une forme de tolérance à l’inconfort psychique, redonnant à chacun la possibilité de se reconnecter à ses valeurs fondamentales. Avec la thérapie ACT, fini la chasse au contrôle mental ou l’enfermement dans le refoulement ; l’accent est mis sur l’acceptation et l’engagement vers ce qui compte vraiment. Dans le contexte des troubles anxieux, des états dépressifs ou de la gestion de la douleur chronique, l’approche ACT n’est pas une version édulcorée de la psychologie : elle invite à revisiter sa relation à la souffrance, sans s’y réduire. Portée par le courant des thérapies cognitivo-comportementales, elle met en avant la liberté de mouvement intérieure et la capacité à s’engager selon ses propres choix.
Quels sont les grands principes de la thérapie d’acceptation et d’engagement ?
La thérapie ACT s’articule autour d’un équilibre singulier entre acceptation et engagement. Plutôt que d’éliminer la souffrance, elle propose de transformer le regard porté sur ses propres expériences internes, pensées, émotions, sensations. Ce changement s’incarne à travers plusieurs processus clés, rassemblés dans le modèle Hexaflex, véritable boussole de l’ACT.
Voici les axes majeurs qui structurent cette démarche :
- Défusion cognitive : Observer les pensées sans s’y noyer. Elles ne dictent plus la marche à suivre, mais deviennent des éléments passagers, repérés mais non subis.
- Acceptation : Accueillir la douleur psychique, la tristesse, la peur ou la colère. L’ACT encourage à cesser de lutter contre ce qui, dans l’instant, ne peut être changé.
- Contact avec le moment présent : Développer une conscience attentive à ce qui se passe ici et maintenant, sans se perdre dans les souvenirs douloureux ou les anticipations anxieuses.
- Identification des valeurs : Clarifier ce qui a du prix à ses yeux, en dehors des attentes extérieures ou des automatismes.
- Action engagée : Passer à l’action en cohérence avec ces valeurs, même quand le doute ou l’inconfort se font sentir.
- Soi comme contexte : Prendre du recul vis-à-vis de l’histoire que l’on se raconte sur soi, pour retrouver une vision plus large et moins enfermante.
À la racine de ces principes, on trouve la théorie des cadres relationnels (RFT), qui met en lumière le rôle du langage dans la construction de l’expérience humaine. La pratique ACT s’inscrit dans la continuité des thérapies cognitivo-comportementales, mais elle défend l’idée qu’il est possible d’éprouver pleinement la vie, sans renoncer à avancer. Grâce à des outils concrets, adaptés aux besoins de chacun, elle facilite l’acceptation-engagement au quotidien.
La flexibilité psychologique : un atout pour mieux vivre avec ses émotions
La flexibilité psychologique s’impose désormais comme une ressource déterminante pour naviguer dans la complexité émotionnelle. Ce concept, au cœur de l’approche ACT, désigne la capacité à accueillir pensées et ressentis, même pénibles, sans s’y soumettre ni chercher à les fuir systématiquement. Les travaux de Steven C. Hayes et d’autres chercheurs en thérapies cognitives comportementales ont mis ce levier au centre de l’attention.
En rupture avec la logique de l’évitement, la flexibilité psychologique consiste à reconnaître la présence de sensations ou pensées inconfortables, tristesse, colère, anxiété, sans les traiter comme des adversaires à éliminer. Ce déplacement est décisif : il ne s’agit plus de contrôler ou de réprimer, mais d’ouvrir un espace pour l’expérience et de choisir une action en accord avec ses propres valeurs. Ce changement de posture a des effets concrets sur la qualité de vie. Plusieurs études, notamment dans le champ de la psychologie positive, le confirment : une personne dotée de flexibilité psychologique s’adapte mieux au stress, voit diminuer ses troubles anxieux et accède plus facilement à une vie riche et significative.
Ce mouvement intérieur repose sur des axes complémentaires : ouverture à l’expérience, prise de distance face aux pensées, clarté sur ses priorités. Loin de l’idéal du contrôle total, l’ACT encourage chacun à composer avec la réalité des émotions et sentiments. Faire de la place à la vulnérabilité, choisir une direction même dans l’incertitude ou la difficulté, voilà ce qui permet de vivre pleinement.
Ressources, accompagnement et formations pour aller plus loin avec l’ACT
Professionnels de la santé mentale comme personnes concernées par des troubles anxieux, la dépression ou la douleur chronique disposent aujourd’hui de multiples repères pour explorer la pratique ACT. L’accompagnement ACT est désormais structuré, avec des spécialistes et des structures dédiées, que ce soit à Paris ou dans d’autres grandes villes.
La formation a pris une place centrale dans la diffusion de cette approche. Plusieurs organismes proposent des modules ciblés, allant de la clinique à la prise en charge d’enfants et adolescents. Certaines sessions s’intéressent particulièrement aux techniques d’action engagée et aux outils adaptés pour accompagner les troubles obsessionnels compulsifs ou le stress post-traumatique.
Différents formats accompagnent cette dynamique :
- Ateliers pratiques, conçus pour permettre aux professionnels d’intégrer l’ACT à leurs méthodes actuelles.
- Sessions de supervision, favorisant le partage d’expériences et le développement d’une posture thérapeutique solide.
- Ressources en ligne : webinaires, podcasts spécialisés, articles scientifiques pour suivre l’évolution du champ.
Face à une demande croissante concernant la régulation émotionnelle et le bien-être, la formation continue prend une nouvelle dimension. Les praticiens, qu’ils soient généralistes ou spécialisés, s’appuient désormais sur les outils numériques : plateformes de e-learning, forums d’échanges entre pairs, accès facilité à la littérature internationale. L’écosystème s’organise pour proposer un accompagnement ACT exigeant, nuancé et respectueux des parcours individuels.
À l’heure où la société cherche des réponses face à la détresse psychique, l’ACT ne se contente pas d’ajouter une méthode de plus : elle invite à un déplacement intérieur, à la rencontre de soi et de ses choix. Le mouvement est enclenché, et il n’a rien d’un simple effet de mode.
